Dr Sadegh Sharafkandi

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Christine Vincent
Christine Vincent

Sadegh Sharafkandi (11 janvier 1938 – 17 septembre 1992) était un militant politique kurde et le secrétaire général du Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI).

Lors des assassinats du restaurant Mykonos, qui se sont déroulés vers 17 heures, le 17 septembre 1992, les leaders de l’opposition irano-kurde Sadegh Sharafkandi, Fattah Abdoli, Homayoun Ardalan et leur traducteur Nouri Dehkordi ont été assassinés au restaurant grec Mykonos, situé sur la rue Prager Strasse, à Berlin. L’assassinat a eu lieu lors de l’insurrection du PDKI (1989-1996), dans le cadre de la lutte séparatiste kurde. L’éruption du conflit en juillet 1989 a été provoquée par l’assassinat du leader du PDKI, Abdul Rahman Ghassemlou, par des agents du gouvernement iranien. Les épisodes les plus violents ont eu lieu en 1990 et 1991, lorsque des soldats kurdes ont lancé des attaques massives contre des bases militaires iraniennes. Cela a provoqué des représailles de la part du gouvernement iranien, visant à éradiquer la direction du PDKI, en commanditant cet assassinat. En 1996, le PDKI n’était plus capable de fonctionner militairement et a annoncé un cessez-le-feu unilatéral.

 Dans le même restaurant, une rencontre était prévue entre Ingvar Carlsson, Premier ministre suédois et chef du Parti social-démocrate suédois, Mona Sahlin, secrétaire du Parti social-démocrate suédois et Pierre Schori, ancien secrétaire d’Etat suédois des Affaires étrangères. Suite à un appel téléphonique, les trois hommes sont retournés en Suède le même jour et ont probablement échappé à l’assassinat.

Sadegh Sharafkandi est né le 1er janvier 1938 à Bukan, en Azerbaïdjan occidental, en Iran. Il a terminé ses études primaires et secondaires, à Mahabad, et obtenu son diplôme de chimie à l’Institut d’Enseignement Supérieur de Téhéran, en 1959. Il a enseigné la chimie dans les villes kurdes de Bukan et Mahabad, jusqu’en 1965. En raison de ses activités politiques, il a d’abord été transféré à Arak, puis à Karaj par le régime du Shah, avant d’être nommé maître de conférences en chimie au Teachers ‘Higher Training College de Téhéran.  En 1972, il est parti en France, afin d’étudier à l’université de Paris VI, où il a obtenu son doctorat. En 1973, alors qu’il étudiait à Paris, il a rencontré Abdul Rahman Ghassemlou, secrétaire général du PDKI, parti qu’il a rejoint. À son retour en Iran, il est devenu le représentant d’Abdul Rahman Ghassemlou dans son pays.  En 1976, il est retourné en Iran pour enseigner au Teachers ‘Higher Training College de Téhéran. Après la chute du régime du Shah en février 1979, il a démissionné de son poste et rejoint le mouvement kurde, qui devint en août la cible d’une « guerre sainte », décrétée par l’ayatollah Khomeiny. En février 1979, après la chute du régime du Shah, les activités du PDKI sont devenues illégales. Dr Sadegh Sharafkandi a été élu membre suppléant du Comité central et nommé responsable du parti à Téhéran. Au cours de l’été 1979, il est devenu un cadre permanent du parti et en 1980, lors du Congrès suivant, il a accédé au Bureau politique. Dès lors, jusqu’à l’assassinat en juillet 1989 à Vienne du Dr Ghassemlou par des émissaires iraniens, il a été régulièrement réélu et chargé des publications du parti. En 1986, il a également pris ses fonctions de secrétaire général adjoint du PDKI. Après l’assassinat du Dr Ghassemlou, il a provisoirement pris la direction du parti jusqu’en décembre 1991, date à laquelle il a été élu secrétaire général, lors du IXe Congrès. Il était marié et avait trois enfants. Dr Sadegh Sharafkandi, Fattah Abdoli, Homayoun Ardalan ont été enterrés au cimetière du Père Lachaise, à Paris. Dans une lettre adressée en 2004 au maire de Berlin, Klaus Wowereit, Mahmoud Ahmadinejad (le maire de Téhéran à cette époque) s’est opposé à la plaque commémorative devant le restaurant.

Dans le procès Mykonos, commencé en octobre 1993, les tribunaux ont arrêté un ressortissant iranien, Kazem Darabi et un Libanais, Abbas Rhayel, condamnés à la prison à vie. Deux autres Libanais ont été condamnés pour complicité. Youssef Amin a été expulsé vers le Liban après avoir purgé plus de la moitié de sa peine de 11 ans et Mohamed Atris a purgé sa peine de 5 ans et trois de prison. Dans sa décision du 10 avril 1997, le tribunal a émis un mandat d’arrêt international contre le ministre iranien des renseignements, Hojjat al-Islam Ali Fallahian, après avoir déclaré que l’assassinat avait été ordonné par Ali Khamenei et Hachemi Rafsandjani. Les responsables iraniens ont catégoriquement nié leur implication dans l’incident. Cela a conduit à une crise diplomatique entre les gouvernements iraniens et plusieurs pays européens, qui a duré jusqu’en novembre 1997. Malgré les protestations internationales et nationales, Kazem Darabi et Abbas Rhayel ont été libérés le 10 décembre 2007 et expulsés vers leur pays d’origine.

 Les événements et le procès entourant les assassinats du restaurant Mykonos ont été adaptés dans une histoire de non-fiction par Roya Hakakian, dans son livre, Assassins du Palais Turquoise, en 2011.

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