Après la pétition d’habitants du XVIIIe arrondissement, dénonçant l’insécurité des riveraines, les maires de la capitale s’emparent de la problématique. Mais les solutions tardent.
La réunion était prévue de longue date. Mercredi après-midi, le procureur de Paris, François Molins, a reçu les maires d’arrondissement, comme tous les six mois. La problématique du harcèlement de rue, médiatisée depuis une dizaine de jours après la pétition d’habitants du quartier La Chapelle-Pajol, à cheval sur les Xe et XVIIIe arrondissements de Paris, a été abordée dès l’introduction.
«Lutter contre le harcèlement sexiste figure déjà dans notre plan d’action du contrat de prévention et de sécurité 2016-2020, avait souligné, avant la réunion, Rémi Féraud, maire PS du Xe arrondissement. C’est un phénomène bien réel, qui s’accompagne d’une dégradation de l’espace public dans son ensemble. Pour l’instant, les habitants sont satisfaits de la présence policière renforcée. Mais ils savent qu’elle ne sera pas durable. Il faut qu’elle s’accompagne de vraies sanctions judiciaires. Or démontrer du harcèlement de rue devant la justice, c’est complexe…»
Le maire PS du XVIIIe, Éric Lejoindre, n’a pas trouvé le temps pour répondre aux questions du Figaro. Son arrondissement est pourtant le premier concerné par la polémique. «Apparemment, M. Lejoindre n’ignore pas qu’il existe une zone de non-droit, mais ce qui le choque le plus, c’est qu’on en parle!», s’étonne Jean-François Legaret, maire du Ier arrondissement et vice-président du groupe LR au conseil de Paris. À la mairie du XVIIIe, on répond que c’est à la demande d’Éric Lejoindre que le périmètre du plan d’action contre la délinquance «Barbès respire» a été élargi, en janvier, au quartier de la Chapelle. «On travaille sur cette problématique depuis des mois, insiste-t-on. On a demandé la mise en place d’un groupe local de traitement de la délinquance (GLTD), afin de mieux faire passer les informations entre la police et la justice. On a également demandé que les patrouilles soient étendues à un périmètre plus large, pour éviter le phénomène de déport. Et on croise les doigts très fort pour que l’engagement perdure.»
Jusqu’à quand les policiers vont-ils rester? C’est la question que se posent tous les riverains du métro La Chapelle. Un GLTD a été décidé sur ce périmètre, confirme-t-on de source judiciaire. «Ce n’est pas des patrouilles de police et quelques expulsions qui suffiront: si on ne tarit pas la source, on ne réglera pas le problème!», explique Philippe Goujon, maire LR du XVe, pour qui l’une des causes du phénomène reste les «flux migratoires»: «La Mairie de Paris ne les maîtrise pas.»
Habitante du XVIIIe arrondissement et créatrice de Handsaway, une application recensant les agressions sexistes dans la rue et les transports, Alma Guirao tient à souligner que «le harcèlement de rue concerne tous les arrondissements et toute la France». Deux à dix alertes sont déclenchées chaque jour. La moitié provient de l’Île-de-France.La SNCF, qui a réalisé des aménagements dans les gares à la suite de «marches exploratoires» pour que les femmes se sentent plus en sécurité, a mis en place un numéro national (3117) pour lutter contre les incivilités dans les transports. Si les signalements pour atteintes à caractère sexuel ou sexiste sont infimes, ils proviennent également, le plus souvent, de la région parisienne.