L’Etat de la République du Kurdistan

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DrAliKILIC

La République de Mahabad, également appelée l’Etat de la
République du Kurdistan) est établie dans le Kurdistan oriental le 22 Janvier
1946. Elle est le troisième Etat kurde contemporain, après la résistance armée
de Sex Mahmoud Berzenci contre l’impérialisme anglais et la lutte armée
contre l’Etat Impérialiste turc pour la fondation du Gouvernement Indépendant
du Kurdistan à Koçgiri le 21 mars 1921 jusqu’en 1938 de la résistance armée
de Dersim y compris la République d’Ararat en Turquie ; elle marque dans
notre histoire tragique un tournant historique.. Sa capitale est la ville kurde de
Mahabad dans le nord-ouest de l’Iran. Son existence est liée à la crise irano
soviétique entre les États-Unis et l’URSS

C’est Qazi Muhammad qui est Président de la République, et Moustafa Barzani
est le ministre de la défense. Le premier ministre est Hadji Baba Scheikh. Le
Cabinet est composé par Mihemed Husên Xanî Sêyfî Qazî: Wezîrê Ceng û
parastin û hevkarê serokkomar. Sidîq Heyderî, Ministre de la propagande,
Menaf Kerîmî, Mihemed Emîn Mo, Seyîd Mihemed Eyyûbyan, Ministre de la
Santé, Ehmed Îlahî, Ministre de l’Economie, Xelîl Xusrewî, Ministre du Travail,
Kerîm Ehmedyan:, Ministre de la Poste et de Communication Hacî Mistefa
Dawûdî, Ministre du Commerce, Mela Husên Mecdî, Ministre de la Justice,
Mihemed Welîzade, Ministre de la Culture, Hacî Ebdulrehman Îlxanîzade,
Îsmaîl Îlxanîzade, Ministre des Travaux Publics.
L’arrivée, au mois d’août 1941, des troupes alliées britanniques et
soviétiques en Iran change les rapports de force. A mesure que l’armée iranienne
se désintègre et se replie vers le sud, fusils et munitions tombent entre les mains
des tribus kurdes. Appuyé en coulisse par l’URSS, le Komala se développe.
Rebaptisé Parti démocrate du Kurdistan (PDK) en 1945, il domine le
mouvement kurde. A sa tête, les Soviétiques favorisent Qazi Mohammed, un

homme érudit, religieux et respecté. Accouru des montagnes d’Irak, mollah
Moustapha Barzani, redoutable guerrier qui deviendra par la suite le héros du
mouvement kurde, est accueilli à Mahabad à bras ouverts. Le PDK manquait de
soldats et surtout d’un chef.
Après la prise de Tabriz fin 1944, les Soviétiques installent la République
démocratique autonome d’Azerbaïdjan. Fort de l’exemple et assuré du soutien
russe, Qazi Mohammed proclame à son tour son gouvernement kurde. Le 22
janvier 1946, sur la place Tchwar Tchira « les Quatre Lanternes », il déclare que
les Kurdes forment un peuple à part qui occupe ses propres terres et qui, comme
tous les autres, a le droit à l’autodétermination.
Mahabad a adopté ses couleurs. Les mêmes que celles d’Iran, mais à
l’envers : trois bandes horizontales, rouge, blanc et vert. Au centre de
l’oriflamme, un soleil, flanqué d’épis de blé symbolise la nation kurde. « Quand
j’ai eu fini, poursuit Fatima, je l’ai porté aux combattants. Barzani a embrassé le
drapeau et, en récompense, il m’a offert un fusil. » On doit au capitaine Archie
Roosevelt Jr, alors attaché militaire américain adjoint à Téhéran et visiteur de
Mahabad en août 1946, le seul témoignage occidental sur la République kurde.
« Roosevelt fut très surpris par l’atmosphère de liberté qui régnait à Mahabad,
comparée à la caporalisation communiste de l’Azerbaïdjan », explique William
Eagleton dans son livre. « Qazi Mohammed chercha à convaincre l’Américain
que les Kurdes souhaitaient former une province démocratique au sein d’un
système fédéral semblable au modèle américain ; et si le gouvernement
américain ne pouvait pas soutenir les aspirations kurdes, qu’au moins il ne s’y
oppose pas. (…) Mais il n’était pas question pour les Etats-Unis de se mêler d’un
mouvement nationaliste dans un coin reculé de l’Iran. »
A Mahabad et ailleurs, les Kurdes se pressent de détruire rapports, clichés
et documents. Les individus et les familles détruisent toute trace de leur
participation au mouvement kurde en brûlant les lettres, les nominations et leurs
photos, celles de Qazi Mohammed ou de Staline. Le 31 mars 1947, à 3 heures du
matin, sur ordre du chah, Qazi Mohammed, son frère et son cousin sont pendus
sur la place Tchwar Tchira, quatorze mois après la proclamation de la
République, et au même endroit.
Pour Barzani et ses hommes commence alors la retraite dans les
montagnes du Zagros, aux confins nord de l’Irak. Refoulés de partout, ils
finissent par trouver refuge en URSS. Qazem se souvient de l’épopée : « C’était la
fin de l’automne, il neigeait. Nous avons marché soixante-quatre jours sans
pouvoir nous changer. Nous avions froid et faim. Les bombardements nous
poursuivaient sans répit. Le plus dur était de trouver de l’eau. Des dizaines
d’entre nous sont morts. J’aurais aimé qu’on écrive cette catastrophe. Il y avait
bien Mala Habib, qui savait lire et écrire, mais il est mort après quelques jours.

Ceux qui ont survécu se sont nourris d’espoir : mollah Moustafa et le drapeau
kurde. Nous les avons suivis jusqu’en Russie. Là, on nous a éparpillés. L’exil a
duré plus de onze ans, dans la misère et la solitude. »
La République de Mahabad a été établie au Kurdistan iranien en 1946 (1).
Même si son éphémère succès est lié à la rivalité entre les Etats-Unis et l’URSS,
cette expérience est demeurée un symbole de l’aspiration nationale des Kurdes.
Proclamée le 22 janvier 1946, elle sera écrasée moins d’un an plus tard par les
troupes iraniennes. C’est le rapprochement de Reza Chah avec l’Allemagne
durant la seconde guerre mondiale qui amena la Grande-Bretagne et l’URSS à
envahir l’Iran le 25 août 1941, à le déposer et à le remplacer par son fils
Mohammad Reza. Cette opération s’inscrit dans la grande alliance antinazie, qui
sera symbolisée par la conférence de Téhéran en novembre 1943 réunissant
Winston Churchill, Franklin Roosevelt et Joseph Staline. Les trois dirigeants
confirment leur appui à l’indépendance de l’Iran.
Après la destruction de Mahabad, les clichés l’ont accompagné partout,
tout au long de l’épique retraite militaire kurde, en Russie soviétique puis en
Irak, où Hachem arriva en 1958, après onze années d’exil. Pour échapper à la
répression des régimes irakiens, qui ont tous combattu l’indépendance kurde, il a
longtemps fallu les dissimuler, ces photos. Emprisonné trois ans durant dans les
geôles de Saddam Hussein, le vieux les avait confiées à des amis. Nul ne savait
bien sûr si Hachem serait libéré un jour. Mais, d’une certaine manière, ses
images étaient plus précieuses que sa vie. Elles étaient la mémoire, la preuve
qu’une République kurde avait existé, jadis, en Iran. Elles étaient à la fois le réel
et le rêve.
Le président actuel du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, est né à
Mahabad quand son père, le général Moustafa Barazani, était le général en chef
de Mahabad.
Archibald Roosevelt, fils du président des États-Unis Theodore Roosevelt,
a écrit dans La République kurde de Mahabad, que le principal problème de la
République de Mahabad était qu’elle avait besoin de l’aide soviétique. Mais
cette alliance avec l’Armée rouge provoqua un désaccord avec de nombreuses
tribus kurdes.
Mahabad, coeur de l’éphémère République kurde proclamée en Iran le 22
janvier 1946 et dissoute par les troupes du chah Mohammed Reza en décembre
de la même année, se situe à moins de 100 kilomètres à l’est de la frontière
irakienne. Un demi-siècle plus tard, que reste-t-il de cette ville, qui a
profondément marqué l’imaginaire kurde ?

La militarisation de la région est manifeste et fausse la perception des
distances. Le relief tourmenté ne facilite pas le contrôle de ces espaces que
Téhéran voudrait bien voir délimités par une « zone de sécurité » afin d’y
instaurer un no man’s land maîtrisable. L’agglomération de Mahabad regroupe
soixante mille habitants (seize mille en 1946). Avec les villages limitrophes, le
sharestan (district) de Mahabad en totalise environ cent dix mille. Une
croissance démographique modeste si on la mesure à l’échelle de l’Iran dont le
taux d’accroissement naturel a été de 3,5 % en 1993. Mais le Kurdistan est
marqué par les stigmates du passé.
Le découpage administratif de Mahabad est un premier paradoxe. De
manière arbitraire, l’ancienne capitale kurde n’appartient pas à l’ ostan
(province) du Kurdistan, mais à celle de l’Azerbaïdjan occidental. Les autorités
régionales ont centré le Kurdistan iranien (1) sur la ville de Sanandaj (exSinneh),
située à 280 kilomètres au sud de Mahabad. De timides mouvements
d’opinion locaux ont pourtant plaidé pour un rattachement à la province du
Kurdistan, telle que constituée dans les années 30, ou bien en faveur de la
création d’un autre Kurdistan dont l’épicentre serait Mahabad. En vain. Le
pouvoir central iranien, sous les chahs comme sous les mollahs, se refuse à
accorder au Kurdistan une expression administrative qui correspondrait plus
fidèlement à l’aire de peuplement de la population kurdophone.
En outre, Mahabad, « ville de la lune » en persan, est un nom imposé par
Reza Chah il y a plus de soixante ans dans le cadre d’une vaste politique de
persanification des toponymes. L’ancienne dénomination, Saujbolagh, était
d’origine turque. La ville fut fondée au XVIIe siècle par un sultan qadjar dont on
peut voir le mausolée près du nouveau cimetière. Pour son malheur, aux yeux du
pouvoir iranien, Mahabad ne pouvait se faire valoir d’aucune antique légitimité
perse. La ville a été implantée dans un bassin d’altitude, encaissé dans les
contreforts des monts Zagros dont les pics culminent à plus de 2 000 mètres.
Cette situation renforce le sentiment d’isolement des habitants et les expose aux
rigueurs de l’hiver. Au nord-est, la silhouette de l’une des montagnes qui barrent
l’horizon est évocatrice
Mais l’écrasement de l’Allemagne nazie fait resurgir les divisions entre
l’URSS et ses alliés d’hier sur de nombreux terrains. La guerre froide se prépare
et les terrains de rivalité sont nombreux, de l’Europe à l’Asie. L’Iran, avec ses
importantes ressources pétrolières, attire tous les appétits. D’autant que la
destitution du chah a permis le développement des activités politiques et que le
parti communiste Toudeh s’organise de manière efficace. Les aspirations
nationales sont par ailleurs fortes dans ce pays composé de nombreuses
minorités.

Une première action se développe dans la province de l’Azerbaïdjan
iranien, où le Parti démocratique d’Azerbaïdjan, soutenu par les Soviétiques,
proclame à Tabriz, en décembre 1945 une République autonome (officiellement
dans le cadre de l’Iran). Les Azéris, présents aussi en URSS, constituent la
principale minorité nationale en Iran, environ 20 % de la population (les Kurdes
représentent environ 10 % des habitants).
Quelques semaines plus tard, le Parti démocratique du Kurdistan
(oriental-iranien) (PDKI) proclame la République à Mahabad. C’est Qazi
Mohammad qui est élu président, et Moustapha Barzani sera son ministre de la
défense. Le 22 janvier 1946, Mohamad Qazi proclame la naissance de la
première République du Kurdistan. De faible importance territoriale (15 000
km2) et sans grands moyens, la République a surtout une importance culturelle
et symbolique. Ainsi, de nombreux Kurdes d’Irak viennent aussitôt s’installer à
Mahabad. Et ce sont eux, sous la direction du général Mohamad Barzani, qui
repoussent les premières attaques de l’armée iranienne. Ce dernier est le chef
d’une importante tribu kurde ; après la chute de la République, il se réfugiera en
URSS, puis retournera en Irak, où il deviendra un des principaux dirigeants
kurdes. Son fils, M. Massoud Barzani, né à Mahabad en 1946, sera élu président
de la région autonome du Kurdistan irakien en 2005./
Rappelons que les Kurdes, une nation indo-européenne, totaliseraient
entre 40 et 45 millions de personnes : 25 millions en Turquie, 8 millions en
Iran, 7 millions en Irak et 3 millions en Syrie. Le PDKI, dirigé par le Dr Abdoul
Rahman Ghassemlou, participera à la révolution de 1979, mais sera contraint de
passer dans l’opposition. Son dirigeant sera assassiné à Vienne par des agents du
pouvoir iranien, le 13 juillet 1989. Le PDKI continue à avoir des activités
militaires sporadiques.
Mohamad Qazi est avant tout un négociateur qui recherche le soutien des
Soviétiques, tout en essayant de s’entendre avec Téhéran. Faute de résultat, il
finit par adopter une attitude plus belliqueuse en 1944 : signant un accord d’aide
mutuelle pour la création du grand Kurdistan avec les dirigeants kurdes d’Irak et
de Turquie, il se rallie tardivement au Komala (organisation secrète pour la
renaissance kurde en Iran, ancêtre du PDKI, Parti démocratique du Kurdistan
d’Irak). Et, le 17 décembre 1945, il fait hisser le drapeau kurde sur les bâtiments
officiels de Mahabad. Cette fois, il obtient la protection de l’Union soviétique,
qui a des vues sur le Kurdistan.
Mais le contexte international évolue défavorablement. En mai 1946, sous
la pression des puissances occidentales, les militaires soviétiques évacuent l’Iran.
En août, Mohamad Qazi va une fois de plus à Téhéran pour négocier un modus
vivendi. En vain, le nouveau chah, Mohamad Reza, enfin maître chez lui, renoue

avec la sanglante politique antikurde de son père. Le 27 novembre, l’armée
iranienne attaque. Mahabad capitule le 16 décembre. Le 31 mars 1947,
Mohamad Qazi est pendu sur la place publique. Cette même place où il avait
proclamé quatorze mois plus tôt la naissance de la République de Mahabad. »
Les aléas de la politique internationale vont compliquer le problème posé
par les Kurdes, beaucoup plus sérieusement que les efforts & l’’erivain lais pour
son petit peuple. Au lendemain de la guerre dans la région nord de l’Iran
occupée depuis août 1941 par les troupes soviétiques1 se constitue en août 1945.
Un Parti Démocratique du Kurdistan, le 22 janvier 1946. Proclame, avec le
soutien de Moscou la République démocratique du Kurdistan ; cinq mois plus
tard fin niai. Staline. Respectant le partage décidé â Yalta, décide d’abandonner
les Kurdes, tout comme il laisse isoler et écrasa l’insurrection populaire en
Grèce. Les troupes soviétiques évacuent le Nord de l’Iran dont Téhéran
entreprend alors la reconquête : Téhéran liquide d’abord le gouvernement
autonome d’Azerbaïdjan constitué avec l’appui des soviétiques dans la région
azérie de l’Iran, puis. en décembre 1946. réoccupe la capitale kurde de
Mahabad. Il arrête les dirigeants de la République kurde, condamnés à mort par
un tribunal militaire, puis pendus sur la place centrale de Mahabad le 30 mars
1947. La répression ravage alors le Kurdistan et pousse les Kurdes irakiens
dirigés par Mulla Barzani. venus s’installer dans la République kurde â retourner
en Irak où ils sont à nouveau persécutés. Un groupe de 500 et quelques
combattants s’enfuit en Turquie. D’où ils sont chassés, repassent en Iran où les
troupes du Chah les traquent et finalement, le 17 mai. les 499 survivants. dirigés
par Mustafa Barzani. Franchissent la frontière soviétique à cheval et en armes et
pénètrent en Azerbaïdjan. Les soviétiques les désarment et les installent dans un
camp militaire au bord de la mer Caspienne.
Le chef de la Sécurité Abakoumov envoie le maître- espion Soudoplatov à
Bakou négocier avec Barzani les conditions de son séjour en URSS. On installe
les Kurdes près de Tachkent « Nous passâmes. dit Soudoplatov. un accord aux
termes duquel Barzani lui même et certains de ses officiers suivraient les cours
dispensés par des académies militaires soviétiques. Aux termes de cet accord
leur installation en Asie centrale ne devait être qu’une parenthèse dans leur
longue marche ».
L’Etat-major délègue 20 officiers pour la formation de ces combattants
Mais la lune de miel tourne bientôt à l’aigre. Le if) février 1949 le ministre de
l’intérieur. Krouglov rappelle à Staline les dangers que présentent ces Kurdes et
leur chef, les mesures déjà prises pour isoler ce dernier, disloquer leur groupe.
disperser les Kurdes et la nécessité de les poursuivre et de les amplifier Mustafa
Barzani, étant un homme pol1iqucmeni illettré, souhaite rassembler les tribus
kurdes cri une principauté et se mettre à sa ite. Barzani considère sa présence en

Union Soviétique comme une situation provisoire qui ne l’oblige à rien ». Aussi
un an plus tôt déjà Baguirov, Le secrétaire du PC azerbaïdjanais et le vieux
complice de Béria avait-il proposé d’éloigner l’ingrat de la frontière avec l’Iran.
afin d’empêcher en fait les Kurdes de reprendre la lutte pour leurs
revendications nationales Aussi tôt dit, aussitôt fait par décret du 9 août 1948, le
détachement de Kurdes est transféré dans un camp du ministère de l’intérieur
situé près d’une station de chemin de fer secondaire sur la ligne de Tachkent.
Mais Barzani ne l’entend pas de cette oreille fin 1948 il réclame une entrevue
avec le secrétaire du Comité Centrai du PC ouzbèke. et exige de lui un rendezvous
avec Staline auquel il veut exposer ses plans il menace de se suicider en
cas de refus. Enfin, ajoute Krouglov , l’entretien de Barzani, un vrai seigneur
féodal, selon Soudoplatov. et de son état-major personnel « coûtera en 1949 la
somme de 6 662 467 roubles sic », somme effectivement énorme. Conclusion «
Le ministère de I’ Intérieur juge rationnel de dissoudre le détachement des
Kurdes et de le disperser en petits groupes dans les districts reculés de la
république d’Ouzbékistan afin que les Kurdes ne puissent pas communiquer
entre eux »1

Jean Jacques Marie, Les Peuples déportés de l’Unions Soviétique,p120

Mustapha Barzani revient triomphalement à Bagdad onze ans plus tard,
après le renversement de la monarchie hachémite par le Général Abdel Karim
Kassem. Plusieurs ministres kurdes entrent alors au gouvernement, dont le fils
de Cheikh Mahmoud. En échange de la garantie du respect des « droits
nationaux » des Kurdes au sein de « l’entité irakienne » et de la parution de
journaux kurdes, Barzani se proclame « Soldat de Kassem », et aide celui qui se
fait appeler le « Zaïm » (le Leader) à étouffer dans le sang une rébellion
nationaliste arabe dirigée à Mossoul par le Colonel Abdel Wahab Chawaf.
Blessé, le colonel est achevé sur son lit d’hôpital. Quatre cents de ses partisans –
notamment des bédouins Chammar – sont massacrés dans une mosquée par les
milices kurdes et les « Forces de Résistance Populaire ».
Le soutien de Barzani au régime de Kassem va plus loin. En mai 1959, il
prête main-forte à l’armée irakienne pour réprimer… une révolte de chefs
kurdes de la région de Rawandouz. Plus de 24 000 Kurdes s’enfuient en Turquie
et en Iran !
Les relations entre Mustapha Barzani et le Général Kassem se détériorent
après un long séjour passé par le chef kurde à Moscou, une façon sans doute
pour les Soviétiques de signifier au « Zaïm » qu’ils n’apprécient pas sa décision
d’évincer du pouvoir le Parti communiste irakien (PCI). Barzani se réfugie dans
les montagnes et la guerre reprend. Curieusement, les revendications qu’il fait
parvenir à Kassem en mars 1962 sont modérées. Il ne parle que d’ouvertures

d’écoles, de développement agricole et industriel, de reconnaissance de la
langue kurde ; pas d’autonomie ni de frontières.
Alors 63 trois ans après quelle est la solution de la question nationale du
Kurdistan ? En d’autre terme quelle est la stratégie et tactique du PDKI?
Une première réponse vient du Secrétaire Général du PDKI, mr Mustafa
Hijri,

« Nous, le Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI), croient que
seuls les changements de régime de l’Iran de réaliser le peuple iranien dans sa
quête pour la liberté et la dignité ainsi que le monde extérieur, la vision de l’Iran
comme une force pour le bien de la communauté internationale.
Il est grand temps pour l’Occident d’adopter une stratégie à long terme
pour apporter des changements de régime en Iran, en soutenant les forces
démocratiques et laïques l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Pour ceux qui ont des doutes sur une telle politique, nous invoquons (en
plus des cinq parties de la menace que l’Iran représente pour la paix et la
sécurité), le régime clérical de la pratique des violations systématiques des droits
de l’homme et de son oppression brutale du pays ‘s différents groupes ethniques,
religieuses et nationales.
Nous pensons également que l’arme nucléaire régime clérical en Iran,
avec sa mentalité terroriste, est dangereux pour tout le Moyen-Orient en raison
du risque de prolifération nucléaire dans un contexte déjà instable et prône la
guerre de part le monde.
Certains pays voisins de la soudaine et simultanée dans l’énergie
nucléaire dans la deuxième moitié de 2007 est un signe d’alerte de l’effrayant
scénario qui se déroulerait. Une arme nucléaire en Iran se sentira enhardis à
utiliser ses groupes terroristes au Liban, en Iraq et ailleurs au chantage des ÉtatsUnis,
d’autres puissances occidentales et les pays du Moyen-Orient.
Ayant à l’esprit que l’expérience en Irak a entraîné le scepticisme envers
régime du changement par l’intervention militaire étrangère, la tâche de
changement de régime en Iran doit être laissée à l’opposition iranienne. Cela
permettrait de soulager les Etats-Unis et ses alliés de la nature de la charge qu’ils
ont assumée en Irak et, plus important encore, personne ne serait en mesure de
douter de la légitimité morale et politique de changement de régime en Iran.

Toutefois, une telle stratégie ne réussira pas sans l’un de ses piliers
véritable soutien à la diversité ethnique et nationale en Iran. Support de cette
diversité est également d’une importance stratégique pour la démocratie en Iran.
Tant que l’Iran tire une partie importante de ses revenus de la vente de
pétrole, il n’y aura pas de mesures d’incitation pour les dirigeants du pays à
adhérer à des appels à la souveraineté populaire ou la démocratie. C’est souvent
le cas avec des régimes qui deviennent financièrement indépendants de leur
population. Il est à cet égard que l’Iran et de la diversité ethnique nationale sera
d’une importance stratégique pour la démocratie dans le pays et, par conséquent,
un élément clé de la stabilité au Moyen-Orient. Pour autant qu’il existe une
véritable aide à la création d’une fédération multinationale en Iran, de la
diversité ethnique et nationale dans le pays constitue une nouvelle forme de
« freins et contrepoids ». En d’autres termes, depuis l’absence de mécanismes
démocratiques en Iran, cette nouvelle forme de contrôle et d’équilibre sera
certainement favorable à une démocratie.
Transformer l’Iran dans une multinationale fédération aurait pour
conséquence un changement fondamental dans les idées qui règne sur notre
pays. Une fédération multinationale iranien de mettre fin au mythe de la mono
nationalité – qui est un mythe entretenu par militaire massive et la violence
psychologique – et de correspondre avec les pays du vrai multinational
maquillage. Ce type de fédéralisme est fondé sur la reconnaissance de l’identité
en tant que source de dignité pour chacun des membres de l’Iran les
communautés ethniques et nationales. La solution de la question nationale en
Iran ne se trouve pas dans l’amélioration des conditions socio-économiques pour
chacun des membres de nations opprimées. Au contraire, une paix juste et à long
terme, la solution politique est la reconnaissance de l’identité nationale de l’Iran
et les pays des garanties constitutionnelles pour les nationaux et leurs droits
territoriaux. Contrairement à la crainte de certaines personnes que le fédéralisme
pourrait entraîner l’éclatement de l’Iran, un tel modèle serait de créer l’unité de la
diversité. ».

Dr Ali KILIC
Paris le 22 janvier 2009
Bibliographie
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