Le Kurdistan a perdu une bataille, mais le Kurdistan n’a pas perdu la guerre

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A l’appel de La Règle du jeu, Fourest, Hidalgo, Valls, Kouchner, Nezan et BHL se sont réunis autour du général Peshmerga Hajar Aumar Ismail.

Entre désespoir et révolte, les amis du Kurdistan à Paris, réunis au cinéma Saint-Germain par La Règle du Jeu, S.O.S. Racisme, l’UEJF, l’Institut kurde de Paris et la Fondation Danielle Mitterrand ont dit non, par les voix d’Anne Hidalgo, Manuel Valls, Bernard Kouchner, Kendal Nezan, Caroline Fourest et BHL, au lâche assentiment de la communauté internationale à l’agression de l’Irak, de la Turquie et de l’Iran contre le peuple kurde en quête de son indépendance.
Face à l’écroulement de ce rêve partagé, face au néant actuel de notre engagement, tous ont posé l’éternelle question, au lendemain d’une défaite : que faire ? Se résigner et se bronzer l’âme. Ou croire que l’Histoire n’a jamais dit son dernier mot.
On projeta d’abord La bataille de Mossoul. Les orateurs prirent la parole. Un général des Peshmergas, venu à Paris en déjouant le blocus qui s’est abattu sur le Kurdistan, le général  Hajar Aumar Ismail donna en conclusion du meeting la réponse des Kurdes. Le choix était simple. C’est Corneille, dans Horace : «– Que voulez-vous qu’il fît contre trois ? –Qu’il mourût ? Ou qu’un beau désespoir le secourût ?» Et c’est l’appel d’un général inconnu en juin 1940 : «La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre.» Apportée par le général Hajar, la réponse des Kurdes fut franche, nette et massive : les Kurdes vont résister.
Face à la tentation de beaucoup, en Europe, en Amérique, de conclure qu’après  cent ans de lutte du peuple kurde, la cause du Kurdistan est une cause perdue, les orateurs du Saint-Germain avaient, à l’avance, passionnément défendu la grandeur du rêve kurde et le soutien des Français.

Que faire contre ces puissances, telles la Turquie et l’Iran, quand elles ont décidé d’en finir avec la résistance d’un petit peuple à la nuque raide tel que le peuple  kurde ?  La loi d’airain du plus fort commande d’abandonner la lutte, et de tenter de survivre sous le joug, de faire comme ces marranes sous l’Inquisition espagnole rêvant en secret de l’an prochain à Jérusalem.
Cela fait un siècle que les Kurdes n’ont pas abandonné leur an prochain. S’y résoudre aujourd’hui, après avoir frôlé la réalisation d’un rêve, au point peut-être de ne pas pouvoir s’en relever ? Rendre les armes, aller à Canossa ?
Trahis par certains en leur sein, abandonnés de tous leurs amis d’hier, en Occident et ailleurs, qui les louaient tellement quand les peshmergas étaient en première ligne contre Daech, croit-on, demandait Anne Hidalgo, que les Kurdes vont se plier à un destin si funeste ? Redevenir des «Irakiens», ce fantôme de nation «fédérale» qui viole continûment sa propre Constitution, cette chimère sanglante, comme le démontrait Kendal ? Rentrer dans l’ombre, retourner dans les montagnes dont nul, jamais, n’a pu les chasser, comme l’évoquait Kouchner qui fut médecin dans les maquis kurdes ? L’heure est-elle encore à la politique, pour tenter de sauver ce qui peut l’être, dans l’espoir, un jour, de rebondir ? Manuel Valls s’en faisait l’écho. Va-t-il, ce peuple fier, qui rêvait de prospérité et de modernité, qui vivait déjà à l’heure de la mondialisation, qui en avait assez, comme le rappelait Bernard Henri Lévy, de devoir tenir chaque jour un fusil dans la main contre d’éternels ennemis et les croyait enfin assagis, acceptant même son  existence, va-t-il, face au péril où il est d’être dilué dans une nouvelle arabisation comme du temps de Saddam Hussein, va-t-il retrouver sa flamme de vie et d’indifférence à la mort (c’est le sens même de Peshmerga) pour prix de sa liberté ? Va-t-on, martelaient tous les orateurs, absurdement ouvrir un boulevard aux Iraniens, les vrais maîtres de l’Irak, qui ont, milices chiites et pasdarans à l’appui, arraché Kirkouk, le poumon du Kurdistan que les Kurdes sauvèrent par deux fois, quand l’armée irakienne, après la chute de Mossoul, se débandait, puis face à Daech, comme Lévy le donna à voir dans La Bataille de Mossoul, et le rappelait  à tous ceux qui mettent en doute aujourd’hui que Kirkouk soit kurde.
En fin de réunion, Bernard-Henri Lévy, au nom des orateurs, lut un texte intitulé L’Appel de Paris pour le Kurdistan. Ce texte dit en substance ceci. Nous avons, nous Français, héritiers de Voltaire, de Gambetta, Zola, Dreyfus, Jean Moulin, un peuple près de nous, qui s’est inspiré de nous et que nous aimons. Sa flamme fut la nôtre, dans notre Histoire. Ne laissons pas s’éteindre la flamme du Kurdistan.

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Gilles Hertzog

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